2 À 4 ANS

Scénario 1.

Melika rentre à la maison à pied avec Talya, sa fille de 4 ans, et Michel, son petit garçon de 2 ans, assis dans une poussette. Talya court devant sa mère et s’aventure dans le milieu d’une rue très passante. Melika l’appelle, mais Talya ne l’écoute pas. Melika est terrifiée!

Réaction 1. Melika court en poussant la poussette devant elle et réussit à rejoindre Talya. Elle la tire par le bras sur le trottoir et lui donne une bonne fessée. Elle l’avertit clairement d’une voix forte : « Ne fais plus jamais cela! » L'enfant n'est plus en danger. Réflexions sur la punition.
Réaction 2. Melika court avec la poussette et prend Talya dans ses bras et la dépose en sécurité sur le trottoir. Melika s’accroupit et dit à Talya : « Je suis désolée d’avoir eu à te prendre sans te le demander. Pourquoi penses-tu que j’ai fait cela? » (Moment d’apprentissage : « C’est parce que tu étais en danger. Je t’aime tellement. Je veux te protéger et je tiens à ce que tu sois en sécurité, tout le temps. »)

Scénario 2.

Marc, le petit garçon de 2 ans de Louise, prend la pelle et le camion des autres enfants qui jouent dans le carré de sable. Un des enfants se met à pleurer. Plusieurs parents et responsables d’enfants dévisagent Marc et Louise.

Réaction 1. Louise s’approche de Marc et lui arrache la pelle des mains en lui disant : « Comment aimes-tu cela? » et frappe Marc sur les fesses avec la pelle.
Réaction 2. Louise s’approche de Marc et lui dit à voix haute : « Regarde ce que tu as fait, Marc! Tu es un mauvais garçon. À cause de toi, nous devons partir. »
Réaction 3. Louise prend le camion des mains de Marc et le remet à l’enfant à qui il appartient. Elle dit gentiment : « Ce camion ne t’appartient pas Marc, excuse-toi maintenant. » Demander aux enfants de s’excuser.
Réaction 4. Louise s’assoit avec Marc et lui parle de partage, de jouer avec les autres et d’attendre son tour. Louise reste et joue avec les enfants et les encourage à partager le camion. Faire preuve d’une présence active sans punir.

Scénario 3.

Hélène fait son épicerie après le travail avec sa fille de 4 ans. La petite Christine montre un pistolet à eau qu’elle veut que sa mère lui achète. Hélène refuse. Christine se met à faire une crise et à crier. Crises de colère.

Réaction 1. Hélène dit à Christine de se taire. Christine continue et crie de plus en plus fort. Hélène lui dit : « Si tu n’arrêtes pas, je vais donner tous tes jouets. »
Réaction 2. Hélène chuchote à l’oreille de Christine : « Tu nous fais honte. Arrête, et je t’achèterai une barre de chocolat en sortant. »
Réaction 3. Hélène s’approche doucement de Christine et lui dit qu’elle comprend sa frustration. Elle lui dit qu’elle peut choisir un gâteau pour son dessert. Donner la chance de changer.

Réflexions sur la punition.

Au COPA, nous encourageons les parents et responsables d’enfants à abandonner l’idée de les punir, de leur faire honte ou de les blâmer et à privilégier plutôt les occasions d’apprentissage.

Comme guides inspirants et attentifs, nous espérons aider nos enfants à tirer profit des nombreux défis auxquels elles et ils sont confrontés pour leur permettre d’en apprendre davantage sur elles-mêmes et eux-mêmes et sur les autres.

Un.e enfant de deux ans qui prend la pelle d’un.e autre en apprendra beaucoup plus si on lui enseigne la notion du partage ou l’idée que chacun.e doit attendre son tour que si on la ou le punit. Elle ou il en apprendra aussi beaucoup plus sur ses besoins et ceux des autres. C’est ainsi qu’elle ou il développera des aptitudes de vie et de conscience de soi. En fait, à ce stade de la vie, la punition est toujours négative et ne comporte aucun apprentissage.

Si on punit un.e enfant de dix ans qui en a intimidé un.e autre dans la cour d’école en la ou le privant de récréation pendant une semaine, elle ou il ne comprendra pas en quoi son comportement était inapproprié. L’enfant se sentira sans doute mal, aura peut-être honte, mais qu’aura-t-elle ou qu’aura-t-il appris sur l’intimidation? Sur ses rapports avec ses camarades de classe, sur les relations saines, sur le respect des autres?

Nous encourageons les parents et responsables d’enfants à se poser la question suivante : Quel apprentissage en tire l’enfant?

Nous établissons un environnement négatif et hostile si nous utilisons la punition comme solution pour corriger un.e enfant qui a fait une erreur, à qui il manque de l’information ou même, dans certains cas, malgré le fait que l’on sait qu’elle ou il n’a pas encore acquis les connaissances requises pour agir différemment.

En revanche, nous lui permettons d’acquérir de saines habitudes de vie si nous l’aidons à apprendre à résoudre les problèmes et si nous lui donnons la capacité de reconnaître et de gérer une situation difficile.

Et ce, non seulement pour assurer son avenir – mais une enfance heureuse aussi.

Demander aux enfants de s’excuser.

Nous avons souvent l’impression de faire la bonne chose en demandant aux enfants de s’excuser. Nous nous disons que cela fait partie d’une bonne éducation parce que nous leur faisons prendre conscience de ce qu’elles ou ils ont fait de mal.

Le COPA invite les gens à réexaminer cette façon de faire. En forçant une personne à s’excuser, nous lui faisons dire ce que nous voulons entendre, mais nous ne savons pas ce qu’elle ressent au plus profond d’elle-même.

Nous avons toutes et tous accepté les excuses de quelqu’un tout en sachant qu’elles n’étaient pas sincères. Une excuse forcée est très différente d’une excuse sincère.

Obliger une personne à s’excuser peut provoquer du ressentiment et cela peut se retourner contre nous.

Et demander aux enfants de se présenter mutuellement des excuses peut se révéler encore pire!

Il est important que les enfants, tout comme les adultes, apprennent à éprouver du regret, du remords et de la tristesse et qu’elles et ils le disent. Cette compétence peut être développée. Et souvent, la meilleure façon pour un.e enfant de l’apprendre est de voir les adultes donner l’exemple.

Fait intéressant : Les enfants et les jeunes qui s’entretiennent avec les représentant.e.s du COPA parlent de la frustration qu’elles et ils ressentent quand on les force à s’excuser. Elles et ils s’empressent d’ajouter qu’il est très rare que les adultes s’excusent auprès des jeunes!

Faire preuve d’une présence active sans punir.

Pour la plupart d’entre nous, il tout à fait normal, naturel et logique de punir une personne qui s’est mal conduite.

Au COPA, nous sommes d’avis qu’il est préférable de laisser tomber l’idée de punir. Notre simple présence – attention, disponibilité et écoute – peut permettre d’éviter que certaines situations dégénèrent en conflits, deviennent problématiques ou nous poussent à avoir recours à la punition.

Crises de colère.

Définition / Explosion de colère et de frustration non contrôlée habituellement associée à un enfant en bas âge.

Exemple / « Son enfant fait souvent des crises de colère quand il ne peut pas faire ce qu’il veut. »

Il est difficile d’imaginer qu’une personne qui a pris soin d’un enfant n’a pas eu à gérer une crise de colère à un moment donné. L’Internet regorge de suggestions pour aider les parents à gérer une telle situation. Le vocabulaire utilisé est fascinant. Il vaut la peine qu’on y réfléchisse.

Mon expression favorite, par exemple, est l’idée qu’il faut dompter l’enfant. On considère donc clairement les enfants comme étant des animaux sauvages. On peut même s’imaginer dans la cage confrontant l’enfant tenant un fouet d’une main et une chaise de l’autre!

Au COPA, nous sommes d’avis que les enfants sont des personnes à part entière avec des sentiments d’impuissance et de frustration semblables à ceux des adultes! Il est très rare de rencontrer une personne adulte qui n’a pas eu envie de se mettre en colère ou qui ne se souvient pas d’un moment dans son enfance où on n’a pas tenu compte de ses sentiments et de l’émotion intense en découlant.

En plus de ne pas tenir compte des sentiments des enfants, s’imaginer qu’il faut les dompter peut leur causer de graves torts, comme les exposer à toutes sortes d’agressions. Nous voulons encourager nos enfants à écouter et à respecter leurs propres sentiments tout comme nous respectons leurs sentiments et espérons que les autres respectent les nôtres. Les enfants qui sont domptés – rabaissés, réprimés, laissés pour compte, dénigrés – sont des enfants qui sont beaucoup plus vulnérables.

Oui, il est très difficile de gérer une crise de colère. Et c’est encore plus difficile quand les autres nous observent– et dans bien des cas jugent notre façon d’intervenir. Considérons ces crises pour ce qu’elles sont réellement : l’expression d’impuissance et de frustration d’une personne.

Dans l’immédiat : Appuyer nos enfants et les écouter de façon à favoriser leur autonomisation peut contribuer à désamorcer une crise de colère en quelques secondes.

En général : Donner à nos enfants le temps et l’espace de s’exprimer tout en apprenant à le faire de façon positive renforce chez elles et chez eux d’importantes aptitudes de vie et minimise le risque de crises de colère.

Donner la chance de changer.

Il est difficile d’être parents et de prendre soin des enfants. Le COPA croit sincèrement à l’apprentissage qui se fait sans jugement, sans blâme et sans honte – non seulement pour les enfants, mais pour les adultes aussi!

Nous pouvons faire des efforts pour prendre mieux soin de nos enfants, de nos petits-enfants ou des enfants dont nous avons la garde. Nous ferons sans doute des erreurs, nous aurons des réactions fâcheuses, parfois démesurées, nous nous mettrons en colère et nous risquons de faire preuve d’impatience dans certaines situations. Il peut même arriver que nous ayons peur et que nous ne soyons pas trop fiers de nos interventions, MAIS nous pouvons prendre les mesures nécessaires pour changer.

Voici quelques suggestions pour nous aider à modifier la façon dont nous interagissons avec les enfants :

  • Ralentir
  • Respirer
  • Continuer à respirer
  • Admettre que l’on a tort
  • Offrir des choix
  • S’excuser (avec sincérité)
  • Demander des conseils sur les diverses façons de gérer la situation
  • Faire un remue-méninges
  • Écouter les enfants et les laisser exprimer leurs sentiments
  • Continuer à respirer

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